Résumé :
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Cet ouvrage est tiré du livre Idiss (Fayard, 2018) de Robert Badinter où il proclame son amour pour sa grand-mère. Celle-ci est née en Bessarabie où s’étaient réfugiés de nombreux Juifs russes fuyant les persécutions antisémites. Au cours du XIXe siècle, cette région est devenue à son tour hostile, il a fallu fuir. En France la famille a pu prospérer un temps, avant que l’Histoire ne la rattrape à nouveau. L’album s’ouvre en 1890, dans un village de Bessarabie, et il se referme à Paris en 1943, peu après la mort naturelle d’Idriss dans son lit.
Dans sa dédicace, Richard Malka remercie Robert Badinter de lui avoir « prêté son récit, sa famille et son histoire ». Le lecteur peut en faire autant, tant son histoire est universelle, touchante et poignante. Au-delà du cri d’amour à une femme ordinaire et d’exception, marquée par l’Histoire, ce récit rend hommage aux immigrés juifs de l’Empire russe venus s’installer à Paris avant la Première guerre mondiale. Ce parcours familial est rempli d’obstacles, d’effrois, mais aussi de courage et d’amour, de travail acharné. Le dessin de Fred Bernard est lumineux, à la plume et à l’encre de Chine, coloré aux crayons et à l’aquarelle. Sa sobriété et sa légèreté permettent à chacun -et en particulier aux jeunes- de se projeter dans cette histoire de famille qui ressemble à tant d’autres, malgré son lot de malheurs, empreinte de douceur et de tendresse. Les différents décrets (français) antisémites sont listés en fin d’album. Ce livre pudique donne de la force. À découvrir absolument, à tout âge. (A.E.)
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