Résumé :
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Il a dix ans lorsque son grand-père lui assène qu’il est le fils d’un salaud. Pourtant, chaque soir, son père lui racontait ses exploits de Résistant, entretenant sa fierté de gamin. Tout cela n’était donc qu’imposture ? Vingt ans plus tard, alors qu’ils ne se sont plus revus, le père malade demande à parler à son fils : sa dernière chance de dire la vérité.
Sorj Chalandon (Une joie féroce, Les Notes septembre 2019) se remet en marche sur le chemin de son père. Dans Profession du père (Les Notes septembre 2015), c’est sous le prénom d’Emile qu’il éclairait une partie de son enfance et des affabulations paternelles. Le temps a fait vieillir les hommes et sa part d’adulte s’écrit cette fois avec « je » pour s’attacher à la Guerre et à l’Occupation. À la faveur du procès de Klaus Barbie en 1987, le journaliste romancier nous associe à sa démarche de mémoire, faisant revivre les enfants d’Izieu raflés un matin par la Gestapo ou écoutant, recueilli, les témoignages poignants et dignes des survivants torturés par le SS. Le père, qui suit le procès, retrouve chaque jour son fils et lui raconte ses guerres, les vraies et les fausses, une autre version de sa vie de mensonges. SS, patriote, Résistant, jonglant avec les faux noms et les fausses adresses, il traverse la guerre en endossant de faux uniformes. Le fils traque les contradictions, honteux mais pugnace. C’est un livre grave à l’écriture remarquable, pesant comme la Maison d’Izieu qui cache ses secrets derrière ses volets clos, un livre lourd d’une enfance trahie, douloureux et décent, puisant une fois encore dans l’intimité de l’auteur mais refermant, peut-être, ce chapitre de sa vie. (Maje et R.C.G.)
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