Résumé :
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Poursuivant des moulins avec une hallebarde rouillée, accoutré comme un clown sur sa vieille jument, « Le Quichotte » est ridicule. Cervantès semble prendre plaisir à humilier sa créature.
La romancière lui adresse donc quinze lettres où elle exprime en quinze points son indignation de le voir traiter ainsi le héros qui a fait sa gloire. Cette colère feinte n’est pas le seul procédé imaginé par Lydie Salvayre (Marcher jusqu’au soir, Les Notes avril 2019) pour valoriser les aspects positifs de la célèbre épopée. Chaque lettre cible un élément de l’œuvre visionnaire qu’elle admire : l’imagination poétique élargit la vie, la liberté remue à l’évidence les consciences, crée et révolutionne une infinité de liens… Mais cherchant une expression qui lui ressemble et habitée par une culture qu’elle savoure particulièrement, l’écrivaine n’hésite pas à explorer ces thèmes à sa façon. Sur quatre siècles d’évolution de la pensée et des mentalités, mêlant hier et aujourd’hui, elle les balaye d’un coup d’œil, puis fonce dans leur analyse, enfonce des évidences, s’ébroue dans la vulgarité, frôle la réduction simplette et repart brillante, drôle, soudain profonde. Elle joue, avec facilité ! Agaçante, donneuse de leçons à l’occasion, elle révèle aussi dans ce texte l’aspect fécond et ludique d’un vrai talent. (A.Lec. et M.Bo.)
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