Résumé :
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La fabrique de l’Histoire selon Éric Vuillard (14 juillet, Les Notes août 2016) est de retour avec un nouveau récit, consacré à la fin de la guerre d’Indochine. L’auteur, qui s’intéresse aux conflits et aime se situer aux lisières des désastres, propose comme à son habitude une lecture originale en se situant dans le passé pour nous renvoyer au présent. Le livre s’ouvre en 1928 sur un rapport confidentiel de l’Inspection du Travail qui constate les nombreux sévices infligés aux coolies dans une plantation « modèle » d’hévéas propriété de la famille Michelin. Des décennies plus tard à Paris, les députés ne sont pas prêts à entendre les propositions de Pierre Mendès France ; les débats sont houleux, les voix divergentes, la guerre s’enlise et coûte trop cher. Dès lors, c’est tout le « système Vuillard » qui se met en branle. Le ton est sec, l’écriture nerveuse, l’ironie très maîtrisée et efficace pour dénoncer les « rapports incestueux » entre capitalisme et colonialisme. L’auteur prend parti et plonge dans l’antichambre des puissants, étrille banquiers, bourgeois parvenus, dynasties industrielles, aristocrates, officiers supérieurs, parlementaires indignes… dont il dresse des portraits saisissants. La dialectique, implacable, contre le capital qui dénonce tout un système, les digressions et les points de vue parfois caricaturaux peuvent agacer. Libre au lecteur d’approfondir le sujet, d’apprécier ou pas l’angle d’approche d’un écrivain talentueux qui se réclame des valeurs humanistes. (R.C.G. et A.K.)
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