Résumé :
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Spécialiste des livres rares, Jacques-Marie Bauer embarque à Marseille en 1932 sur le Georges Philippar, pour sa croisière inaugurale Marseille-Yokohama-Marseille. Une traversée de 43 jours riche en rencontres sur le pont des premières classes où l’on étrille le monde avec suffisance, loin du chaos européen mais avec, en tête, le spectre de la montée du nazisme et les rumeurs d’avaries potentielles. On admire la profusion des bois précieux, on débat sur l‘influence d’un certain Hitler. On se plaint de nombreux court-circuits. Excentriques, femmes fatales, fâcheux à éviter et dandys lettrés, chaque croisiériste est scruté à la loupe…
« Le paquebot est un lieu d’où l’on ne peut s’échapper et où l’on n’échappe à personne ». Fort de cette maxime, Pierre Assouline (Tu seras un homme mon fils, Les Notes décembre 2019) brosse les portraits de passagers d’une classe de luxe, microcosme feutré cherchant à tromper l’ennui et que l’auteur nous rend réels par le biais d’une profusion de détails très vivants. L’ambiance est raffinée, l’élégance naturelle, l’ivresse de qualité et les conversations policées. Thomas Mann et sa montagne magique sont à l’honneur. De saillies piquantes en relances littéraires, les échanges soulignent la représentation et le snobisme des participants. Si l’écriture châtiée volontairement désuète, surannée, sied à l’époque, l’écrivain se complait trop volontiers dans les analogies, citations, aphorismes ou autres apophtegmes. Mais, par de discrètes allusions adroitement étouffées, il sait faire monter lentement sur ce beau monde une rôdante menace. Albert Londres monte à l’escale de Shanghai et, sur la route du retour, le Georges Philippar terminera tragiquement sa croisière dans les flammes. (Maje et C.R.P.)
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