Résumé :
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En route pour la Chine, le paquebot l’Azizizye, qui compte à son bord la princesse Pakizé, fille du sultan Mourad V, et son mari médecin sanitaire, aborde l’île de Mingher où sévit en cette année 1901 une redoutable épidémie de peste. Il y débarque la princesse et son mari, chargé par le sultan d’Istanbul d’épauler son chimiste en chef pour enrayer la contagion. Ils vont devoir affronter les peurs et le déni, les fausses médications, les croyances et les assassinats sur un lopin de terre où chrétiens et musulmans refusent la quarantaine.
Orhan Pamuk (La femme aux cheveux roux, Les Notes février 2019) baptise son livre roman-histoire ; un récit totalement inventé basé sur des lettres écrites par une princesse fictive depuis une île imaginaire. Mais dans cet univers romanesque, où l’amour côtoie le tragique et la mort, Pamuk offre, par des digressions bienvenues, une profusion d’informations historiques, politiques et sanitaires riches d’enseignement et démontre les limites de la volonté d’indépendance d’un petit pays alors sous protection de l’Empire ottoman. Dans cette histoire qui se fait et se défait au gré des complots et des prises de pouvoir, l’écrivain, dont on retrouve le merveilleux sens de la narration, s’attarde sur les tournées d’inspection, les amoncellements de cadavres et les tête-à-tête amoureux et le livre n’est pas exempt de longueurs. On peut regretter que ces dernières nuisent à la fluidité de l’intrigue qui aurait gagné en intensité par plus de concision. La peste et ce qu’elle révèle des hommes est le sujet principal de cette séduisante chronique de même que l’évocation du déclin de l’Empire ottoman et les complots de palais fratricides. (Maje et M.-N.P.)
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