Résumé :
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« Je tiens mon sujet » pense Monica Sabolo quand, auteure en mal d’inspiration, elle entend une émission sur l’assassinat de Georges Besse en 1986. Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et Jean Marc Rouillan, membres favorables à la lutte armée du groupe terroriste Action directe, en sont les auteurs. Leur histoire résonne étrangement pour elle d’un timbre équivoque, familier et étranger, audible et enfoui, celui de son enfance bourgeoise et tourmentée. « Je ne savais pas encore que les années AD étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et la violence. » Resurgissent alors surtout un père biologique démissionnaire, un père d’adoption aux activités occultes, abuseur, désertant finalement le foyer.
Comment nommer cet ouvrage au rapprochement improbable, de prime abord un peu factice ? Récit, roman, autofiction, introspection ? Monica Sabolo (Eden, Les Notes septembre 2019) pensait tenir un thème facile et porteur. Mais la complexité des protagonistes agit comme un révélateur et le livre fait alterner l’évocation de leurs braquages et autres cavales avec celle des murs de son enfance. Puis, le « je » omniprésent s’élargit sur des interrogations touchant le remords, le pardon, la dissociation, le réel, le bien et le mal, la genèse de la violence, la vérité, la véracité, la complexité… Et le parallèle risqué, de factice n’est plus qu’audacieux. L’écriture est efficace, aisée, fluide. L’exercice navigue entre séquences introspectives prenantes et enquête sur les motivations et les ressentis des membres d’Action directe. Original mais un peu trop éclaté entre plusieurs genres. (C.R.P. et M.-N.P.)
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