Résumé :
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Dernier tiers du XIXème siècle. Séraphine, la narratrice, embarque avec mari et enfants à Marseille pour rejoindre une colonie agricole en Algérie près de Bône. Ils viennent d’Aubervilliers, ont traversé la France comme tant d’autres pour ensemencer des champs, vivre de la production des récoltes, contribuer au progrès de terres fraîchement conquises. La désillusion est totale, l’eldorado promis un véritable enfer…. Parallèlement, un soldat français raconte les razzias, meurtres, viols et pillages d’une colonne de fantassins soumise aux ordres d’un capitaine enragé et sanguinaire.
Deux monologues font entendre en alternance l’histoire de colons miséreux dont le rêve se brise dès l’instant où ils découvrent le lieu qui leur est assigné, et celle de soldats qui sillonnent un territoire pour le « pacifier et le débarrasser des égorgeurs ». Mathieu Belezi a consacré plusieurs ouvrages à l’Algérie, (Un faux pas dans la vie d’Emma Picard, 2015). Toute de scansions, l’écriture à l’acide traduit dans une longue logorrhée le désespoir et la colère de la femme, et témoigne de l’horreur de l’entreprise coloniale à travers les yeux du soldat. Une succession d’atrocités, des déferlantes d’insultes et de mots outranciers soulèvent le cœur. Dans ce texte court, l’auteur insiste sur l’arrogante supériorité et la volonté d’asservissement qui ont conduit des hommes à la démence et à la folie meurtrière. Le double regard, très original, permet de mieux comprendre cette période peu évoquée, et pourtant essentielle, de l’histoire de la colonisation. (P.H. et J.G)
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