Résumé :
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Romancière, M. s’est retranchée du monde avec son second mari au sein d’une nature sauvage ; un havre de paix qu’elle aime à partager avec des gens qui la passionnent. Admirative d’un peintre dont l’œuvre l’a touchée, elle l’invite dans son petit paradis avec le secret espoir qu’il la mette en lumière. Hélas, L. se présente accompagné d’une jeune femme exubérante et envahissante tandis que sa fille s’annonce avec son compagnon. Dès lors, tout va échapper à son contrôle.
La dépendance, c’est le cabanon restauré, servant de résidence aux artistes de passage, mais c’est aussi l’état d’esprit d’une femme assoiffée de reconnaissance. C’est pour cela qu’elle a invité le peintre, pour qu’il la voie. Orfèvre du détail et de l’érosion des sentiments, Rachel Cusk (Transit, Les Notes mai 2018) offre à son histoire une partition à six voix dans un huis clos élégant, émotionnel et cérébral au sein d’une nature mouvante et belle. Un écrin sur mesure pour une confrontation avec soi-même, avec l’être idéalisé, l’instinct maternel, l’âge qui vient ou ce qui étaye un couple. On retient de ce roman écrit sous forme épistolaire et réflexive comme des confidences faites à un ami, la brume des marais et la phosphorescence de l’océan, un sentiment d’impermanence, le besoin de se fondre mais d’être vue, l’illusion de notre liberté. Quelques belles réflexions sur l’art s’accrochent à la mémoire : « Devant une toile qui nous touche, on voit ce qu’on y projette, et l’on regarde, en un sens, une œuvre qu’on a soi-même créée ». (Maje et C.R.P.)
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